Un passage chez un notaire de province, un héritage inattendu, la mise en vente d'une propriété, un brusque éveil, des certitudes et des croyances qui s'effondrent, une suspicion de folie, un mariage n'ayant d'idéal que l'apparence qui n'y résiste pas, une ouverture sur l'au-delà...
Dans cet ordre ou dans un autre, certaines fictions nous racontent et résonnent avec bien des vécus, et c'est le cas de ce roman de Frédérique Deghelt, Les brumes de l'apparence, aussi je vous emmène le temps de quelques lignes à plonger dans ce trésor de lecture qui m'a été offert en chemin.
"Note de l'auteur : Toutes apparence, similitude, coïncidence de ce livre avec des faits réels ne peuvent être considérés comme des hasards.
"La mauvaise foi, ce n'est pas se tromper de croyances, c'est faire penser aux autres qu'on n'a rien compris. Ce que vous imaginez combattre en affirmant votre refus, ce qui dérange votre petite vie installée, c'est ce que vous avez choisi, mais vous ne vous en souvenez plus. Toute l'information est à la disposition de ceux qui veulent savoir, je ne dis pas croire, je dis bien savoir. Tout est écrit partout par ceux qui ont expérimenté, par ceux qui font des recherches, et même dans les romans des écrivains, dans la musique, dans les peintures. Tout est là, sous nos yeux, déployé. Nous sommes les aveugles de notre propre existence. Voyez cette vieille femme qui raconte à son ophtalmologue qu'elle n'y voit plus depuis que son mari est mort et que son fils est parti, elle exprime clairement le résultat des événements récents, ce que ses yeux ne veulent plus voir, ce qu'elle vit mal. Mais lui, il n'écoute rien, il cherche des raisons physiques tout en lui faisant un fond d’œil, notez bien les termes, ils ajoutent de l'humour à l'histoire. Elle lui parle de sa vie et il soigne son organe. Regardez la mort, Gabrielle, regardez comment on maltraite la mort, ce grand plongeon vers l’Éternel. Soixante-dix pour cent d'entre nous meurent à l'hôpital. Pas d'intimité, pas d'accompagnement, si ce n'est celui de ces êtres immatériels qui viennent nous chercher. De timides tentatives de quelques humains se mettent en place, mais pour combien d'abandons ? Choisir de ne pas dire au revoir à ceux qui nous précèdent, et ne parler de rien, est une façon de ne pas hurler, de ne jamais avoir affaire à notre propre mort. Et pourtant ce Grand Passage, ce Grand Retour, plutôt, ne devrait-il pas s'entourer de la tendresse la plus délicate ? Ce que l'on perçoit et qui est stratégiquement invisible, et donc négligeable, gouverne l'univers entier, les portes de la vie, les mondes parallèles et le notre, dans lequel tout le monde sait et fait semblant de ne pas savoir. La tombe est la porte d'un retour à l'esprit, comme le berceau est l'entrée d'une expérience matérielle."